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Martinique
09 octobre 2017
14h30 - 17h30

Après-midi d’études organisée par la Bibliothèque Universitaire du Campus de Schoelcher dans le cadre du festival de BD "La caravelle fait ses bulles".


Objet d’étude

En résonance avec le Festival « La Caravelle fait ses bulles » qui se tiendra les 12, 13 et 14 octobre sur le thème des « enfants terribles », la BU du Campus de Schoelcher consacre une après-midi d’études à la perception de la bande dessinée comme marge littéraire et aux représentations de la marginalité sociale et urbaine dans les bandes dessinées. Pour discuter de cette thématique nous recevrons des auteurs de bandes dessinées représentant une large palette des différentes typologies de la bande dessinée : documentaire, voyage d’exploration, science-fiction, adaptation littéraire, etc. Sept dessinateurs et scénaristes sont invités : Marguerite Abouet, auteur notamment de la série Aya de Yopougon ; Julie Blanchin Fujita, qui a fait de son séjour au Japon un récit dessiné ; Benjamin Flao, dont le dernier héros fait l’école buissonnière dans un village du littoral kenyan ; François Gabourg, dont le prochain album concerne la relation dominant/dominé par le prisme de l’esclavagisme ; Grégory Mahieux, qui met en images l’expérience de la relation avec un enfant sourd ; Hervé Tanquerelle, dont le double, dessinateur de BD, part dans une expédition folle au Groënland ; Lucas Vallerie qui narre l’ambiance de Saint-Pierre avant et après l’éruption de la Pelée, avec son personnage principal Cyparis. Pour converser avec eux seront présents Alfred Alexandre, auteur notamment de la trilogie foyalaise ; Michael Roch, écrivain et créateur de chaînes youtube, notamment "La brigade du livre" ; Marvin Fabien, artiste multimédia, musicien et doctorant en art et musicologie ; et Florence Ménez, responsable du fonds bandes dessinées et chercheur associée au Laboratoire d'anthropologie sociale (EHESS).
Les situations, les décors comme les personnages se développent dans un art hybride entre graphisme et littérature. La marginalité est donc double, à la fois, historiquement, dans la forme et dans les sujets mis en textes et dessins. L’après-midi est organisée afin qu’un public d’étudiants et de professeurs y trouve un intérêt pédagogique mais également ludique et esthétique. Nous aborderons la thématique en discutant avec les artistes de leurs parcours, des personnages de bandes dessinées, des décors, de la représentation graphique de la réalité par ce médium, etc. La bande dessinée sera considérée comme objet culturel, comme contenu et enfin comme relation.

L’après-midi d’études se déroulera selon trois axes :

Axe 1 : La BD, un art en marge ?

En introduction nous présenterons l’histoire de la BD, par le prisme de son statut ambigu de production artistique et littéraire, sa légitimation voire actuellement son artification. Les auteurs présents pourront évoquer leur parcours, le rôle et la place du dessinateur et/ou du scénariste et des rapports qu’ils entretiennent avec l’histoire du genre et avec leur art. S’ils se sentent à la marge, celle-ci n’est-elle pas bénéfique pour constituer un espace de liberté et d’affirmation de soi ? La BD n’est-elle pas traductrice/productrice de nouvelles normes sociales mais aussi d’une esthétique qui entre dans un processus de connaissances du monde ? La BD arrive-t-elle à faire bouger les lignes ? Dans quelle mesure la bande dessinée contribue au travail de décentrement moderne qui aborde les sujets par différents styles d’expression ?

Axe 2 : Réalité et imaginaire dans la représentation de la marginalité

Nous entendrons les auteurs et dessinateurs évoquer leur manière d’introduire la marginalité dans leurs œuvres, que ce soit les personnages, les thématiques développées. La grande diversité des artistes présents permettra de discuter d’une pluralité de personnages : des femmes, des malentendants, des enfants en rupture scolaire, des révoltés, des prisonniers ; et d’une pluralité de décors, qu’ils soient urbains, ruraux, rêvés, exotiques, lieux de la quotidienneté ou du voyage, ou même de la fuite. De l’espace domestique, ils évoluent dans des espaces publics, ils ont des pratiques sociales et spatiales qui les exposent aux autres, avec leur fragilité et leur particularité, leur refus d’une norme établie. Les personnages de bande dessinée doivent négocier leur place en permanence dans le monde. Ces personnages, décors et situations sont-ils à l’instar de toute expression culturelle une possibilité imaginaire de dévoiler ce qui gêne dans la société ?

Axe 3 : La périphérie insulaire : correspondances d’imaginaires et pratiques artistiques en résonance

- Introduction de Marvin Fabien « Esthétique et imaginaire » : l’esthétique et l’imaginaire du manga en correspondance avec l’imaginaire de la Caraïbe insulaire.
- Du texte à l’image : Alfred Alexandre lira des extraits de la trilogie foyalaise, et les dessinateurs feront une adaptation graphique ou scénarisée sur le vif.
La trilogie foyalaise comprend les trois romans d’Alfred Alexandre qui délimitent un quadrilatère autour du centre-ville de Fort-de-France : Bord de canal, La nuit caribéenne et Villes
assassines.